Arbres classés : l’if à Saint-Aubin-Routot

Saint-Aubin-Routot

Apparu il y a 120 millions d’années, l’if a longtemps été un arbre sacré. Son exceptionnelle longévité ainsi que la toxicité de sa sève contribuent au statut symbolique de cet arbre répandu en Normandie et surtout en pays de Caux. Âgé de plus de 700 ans, l’if de Saint-Aubin-Routot est classé depuis 1933.

Aux origines du mythe

Dès l’Antiquité, l’if est un symbole d’éternité (sa durée de vie peut atteindre 1 500 ans), de vie et de mort. C'est l'arbre des cimetières qui veille sur les morts. Vénéré par les Celtes, son bois était utilisé pour la fabrication des bâtons des druides ou des boucliers, leur attribuant ainsi des vertus protectrices. Sa sève, la taxine, voisine du curare, servait à empoisonner les pointes de flèches. Les Romains surnommaient d’ailleurs les Celtes du nord-ouest de la France, de Bretagne et d'Irlande, « les combattants par l'if ». Plus récemment, les propriétés médicinales de l’if sont utilisées dans des traitements anticancéreux.

Symbole de vie... et de mort

Dans la mythologie grecque, l’if poussait le long du Styx, fleuve du royaume des morts, les Enfers.

If classé de Saint-Aubin-Routot © Vincent Rustuel - Angels'Sea Studio

Au plus près des églises

Au Moyen-Âge, le christianisme se réapproprie l’if, symbole païen. Des églises sont alors construites à proximité des ifs (et non l’inverse), d’où leur rôle d’arbres funéraires : l’if est paré de vertus supposées protectrices contre la mort et contre les émanations toxiques liées à la décomposition des cadavres. L’if classé de Saint-Aubin-Routot se situe près de l’église paroissiale de Saint-Aubin-des-Cercueils. L’édifice du 16^e siècle a été détruit et reconstruit au 19^e siècle par les architectes Leplay et Charles Brunet-Debaines, à qui on doit notamment l’ancien hôtel de ville du Havre.

Par précaution

On prenait garde de ne jamais attacher les calèches et corbillards au tronc de l’if pour éviter que les chevaux ne s’en nourrissent et s’empoisonnent.