Haut lieu de la tradition funéraire, l’aître de Brisgaret servait aussi de décor à la vie sociale du Montivilliers médiéval. Rare par sa structure avec chapelle, galerie ossuaire de 36 m de long et ses représentations sculptées, l’aître de Brisgaret est classé au titre des monuments historiques depuis 1886.
Un cimetière hors les murs
Autour de l’abbaye de femmes de Montivilliers se développe à partir du 13e siècle une cité florissante dont la population atteint 4 000 habitants au 16e siècle. Dès le 15e siècle, l’exiguïté des cimetières intra-muros conduit à la création de l’aître de Brisgaret, nouveau lieu d’inhumation sur les hauteurs de la cité. Une élégante croix gothique de 6 m de haut est élevée au 16e siècle au milieu de l’ancien charnier, mémoire des défunts et symbole du triomphe de Dieu. De cette époque date également la galerie à porche Renaissance et charpente gothique, destinée à protéger la population lors des cérémonies. Surmontée d’un comble, elle servait aussi d’ossuaire. L’aître Saint Maclou à Rouen date de la même époque. L’abbaye de Montivilliers refusa d’en répliquer la magnificence, laissant le cloître montivillion inachevé.
Pour en savoir plus : Blog - L'aître de Brisgaret
L'aître de Brisgaret en images
Étymologie
Le mot aître vient du latin “atrium” qui renvoie à la cour intérieure d’une villa romaine. Au Moyen-Âge, l’aître désigne le cimetière devant une église.
Rites funéraires et vie sociale d’un site exceptionnel
La galerie, qui devait former un cloître autour du charnier, fut bâtie en trois temps, entre 1503 et 1602. Prenant appui sur un mur de maçonnerie, elle repose sur seize piliers de bois sculptés dont les pigeâtres donnent naissance à des représentations en bois : saints guérisseurs, Arma Christi (Passion du Christ) et figures décharnées évoquant le motif des danses macabres. Dans la chapelle dédiée à saint Lazare, l’étonnant retable de Pierre Larbitre, réalisé en 1602, représente la résurrection du saint. Haut lieu de la sociabilité médiévale, la galerie accueille des jeux, des prédications, des amuseurs publics et des camelots qui y tiennent boutique. De nombreux graffitis muraux témoignent de cette vie animée. Dans un incroyable décor macabre, les enduits d’origine révèlent une figure christique et un char de la mort portés en triomphe.
Saints guérisseurs de la peste
Construit à la suite des longues périodes de peste, l’aître de Brisgaret abrite les figures des saints traditionnellement invoqués lors des épidémies : saint Roch, saint Sébastien, saint Adrien.
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