Rompant le défilé des falaises de la côte d’Albâtre, les valleuses habitées ou sauvages forment de précieux corridors écologiques.
Quand le plateau rejoint la côte
Les valleuses sont une particularité du littoral du pays de Caux. Ces petites vallées, suspendues ou débouchant sur une plage, ont été formées par l’effet combiné du soulèvement des sols (il y a environ 2 millions d’années avant notre ère), du recul des falaises et de l’écoulement des eaux depuis les plateaux érodant la craie. Il s’agit principalement de valleuses sèches, sans cours d’eau. Cette précieuse opportunité d’accéder à la mer a été saisie par les pêcheurs à pied, les exploitants de galets, les agriculteurs, les exploitants forestiers ainsi que les artistes, touristes et baigneurs. Jardinées, sauvages, boisées, semi-boisées, voire partiellement occupées par des habitations ou des usages agricoles, les valleuses offrent des paysages intimes, au relief doux.
Des sites uniques
Les valleuses de Boucherot, de Bruneval, du Fourquet, d’Antifer, du Curé figurent parmi les plus remarquables.
Les valleuses en image
Des refuges naturels
Jouissant d’une diversité biologique et paysagère exceptionnelle, les valleuses constituent des milieux naturels distinctifs. Protégées des vents et de l’agriculture intensive, elles abritent de nombreuses espèces animales (oiseaux, mammifères, reptiles, amphibiens et insectes). À leur débouché, il n’est pas rare d’observer des goélands, des mouettes ou des cormorans nichant dans les falaises. Ce patrimoine à préserver jouit d’attentions particulières : ainsi, la valleuse d’Antifer, site d’intervention du Conservatoire du littoral, est interdite à la circulation automobile depuis plusieurs années.
« La Mane-porte [sic] est une immense arcade sous laquelle on passe à pied sec à mer basse. […] Quand on en approche, on aperçoit par dessous l’aiguille d’Etretat qui se trouve à 500 ou 600 mètres plus loin contre la porte d’aval. […] La petite baie formée entre les deux portes a cela de particulier qu’on aperçoit vers le milieu une sorte de demi entonnoir gazonné où serpente un sentier très rapide qu’on appelle la Valleuse de Jambour. […] Une fois en haut, on aperçoit Étretat et on y arrive par une descente douce sur l’herbe de un kilomètre environ ».
Claude Monet, « Lettre à Flaubert du 3 novembre 1877 », Correspondance, 1993
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